L’imagerie par rayons X de La Nuit éveille révèle une couche de plomb précédemment inconnue

La Nuit des gardes de Rembrandt, peinte en 1642, est la plus grande toile survivante du maître néerlandais, connue particulièrement pour son exquise utilisation de la lumière et de l’ombre. Une nouvelle analyse par imagerie par rayons X de la toile a révélé une couche inattendue de plomb, peut-être appliquée comme mesure de protection lors de la préparation du canevas, selon un nouvel article publié dans la revue Science Advances. L’œuvre faisait partie de l’Opération Nuit des gardes du Rijksmuseum, le plus grand projet de recherche et de conservation multidisciplinaire pour la célèbre toile de Rembrandt, consacré à sa conservation à long terme. La célèbre scène représentée dans La Nuit des gardes – officiellement appelée Compagnie de milice du district II sous le commandement du capitaine Frans Banninck Cocq – ne devait pas avoir lieu de nuit. Plutôt, l’aspect sombre est le résultat de l’accumulation de saleté et de vernis au cours des quatre siècles, alors que la peinture a été soumise à diverses alterations chimiques et mécaniques. Par exemple, en 1715, La Nuit des gardes a été déplacée vers le Hôtel de ville d’Amsterdam (aujourd’hui le Palais Royal sur la place du Dam). Elle était trop grande pour l’emplacement nouvellement, donc la peinture a été rognée sur les quatre côtés, et les morceaux rognés n’ont jamais été retrouvés (bien qu’en 2021, l’IA ait été utilisée pour recréer la toile complète d’origine). L’objectif de l’opération Nuit des gardes est d’employer une large gamme de techniques d’imagerie et d’analyse pour mieux comprendre les matériaux que Rembrandt a utilisés pour créer son chef-d’œuvre et la façon dont ces matériaux ont évolué au fil du temps. Comme précédemment signalé, des analyses antérieures des peintures de Rembrandt ont identifié de nombreux pigments utilisés par le maître néerlandais dans son travail, notamment la blanche de plomb, plusieurs ocres, le noir d’os, le vermillon, le lake de garance, l’azurite, l’outremer, le jaune lake, et le jaune plomb-étain, entre autres. L’artiste n’utilisait rarement de pigments bleus ou verts purs, avec Le festin de Balthazar étant une exception notable. (La base de données Rembrandt est la meilleure source pour un chroniqueur exhaustif des nombreux rapports d’enquête.) Au début de cette année, les chercheurs de l’Opération Nuit des gardes ont trouvé des traces rares d’un composé appelé formiate de plomb dans la peinture. Ils ont balayé environ un demi-mètre carré de la surface de la peinture avec une cartographie par diffraction de poudre aux rayons X (parmi d’autres méthodes) et ont analysé de minuscules fragments de la peinture avec des sondes micro X-ray synchrotron. Cela a révélé la présence de formiates de plomb – surprenant en soi, mais l’équipe a également identifié ces formiates dans des zones où il n’y avait pas de pigment de plomb, de blanc ou de jaune. Il est possible que les formiates de plomb disparaissent assez rapidement, ce qui expliquerait pourquoi ils n’ont été détectés dans aucune des peintures des maîtres néerlandais jusqu’à présent. Mais s’il en est ainsi, pourquoi le formiate de plomb n’a-t-il pas disparu dans La Nuit des gardes? Et d’où vient-il en premier lieu?

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