Ma famille s’attend à notre troisième enfant dans quelques jours. Pour ma part, l’arrivée d’un nouveau bébé est l’occasion de réfléchir au monde dans lequel je vais les amener. Je n’ai jamais été d’accord avec la perspective – hélas de plus en plus répandue parmi les gens de mon âge – que le changement climatique, la guerre ou les difficultés économiques justifient qu’on ne fasse pas d’enfant. Certes, tout ce que nous avons accompli avec tant de peine peut être anéanti, et nous avons beaucoup à perdre, mais dans l’ensemble, le monde d’aujourd’hui est plus riche et plus sûr qu’à n’importe quel moment de l’histoire de l’humanité. Je ne crois pas que ce soit mal d’avoir des enfants en 1960, quand la menace d’une annihilation nucléaire était beaucoup plus grande qu’aujourd’hui, et que le monde d’aujourd’hui est un endroit plus abondant, plus tolérant et plus sûr pour grandir que celui-là. Et même si le changement climatique représente aujourd’hui une menace beaucoup plus grande qu’alors, ce n’est toujours pas un facteur décisif pour avoir ou non des enfants. Les enfants utilisent des ressources, et dans une perspective très étroite, on peut dire qu’ils contribuent aux pénuries de ressources ou à l’ajout de carbone à l’atmosphère, mais les êtres humains ne sont pas des fardeaux qui vident les ressources disponibles. Ce sont les êtres humains qui inventent et découvrent les solutions qui nous permettent de remplacer les combustibles fossiles par les panneaux solaires, de nettoyer l’atmosphère et de rendre le monde meilleur et plus durable. Le monde est plus riche, et non plus pauvre, quand il y a plus de gens engagés dans le processus d’invention et de découverte. C’est une vision profondément étroite et auto-destructrice de la nature humaine que de penser que nous devrions aspirer à avoir le moins d’impact possible sur le monde, au lieu de nous efforcer d’avoir un impact positif.
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