Imaginez un temps avant les smartphones. Avant les iBooks. Avant Twitter, Facebook, YouTube, et même le puissant Google. Un monde sans navigateurs web, lorsque l’Internet appartenait aux universités et se connecter en ligne signifiait se connecter à un tableau d’affichage électronique. Maintenant, imaginez pouvoir le sentir venir, pas les détails, mais l’impact d’un monde en réseau sur la culture, les affaires, la politique, la vie quotidienne. Ce sont les préconditions qui ont fait naître WIRED. En 1988, Louis Rossetto, un aventurier de 39 ans, ancien romancier et libertarien fervent, a senti que l’encodage de l’information en 1 et en 0 allait tout changer. Vivant à Amsterdam à l’époque, il et Jane Metcalfe, sa partenaire dans les affaires et dans la vie, avaient transformé son travail dans un service de traduction peu connu en un magazine, Electric Word. Produit sur un Mac, il évoquait un univers numérique qui ne concernait pas les gadgets, mais une force pour la transformation globale. Au cours de l’année suivante, le couple a élaboré un plan d’affaires pour un nouveau magazine, intitulé provisoirement Millennium, qui porterait cette révolution au sein du grand public américain. La technologie, prédit Rossetto, serait le rock and roll des années 90, et ils visèrent à faire de Millennium son porte-drapeau. Kevin Kelly, rédacteur en chef exécutif. John Plunkett et Barbara Kuhr, designers.
‘Entretien avec le Luddite’
Kelly : Mis à part l’incendie criminel et beaucoup de vandalisme, qu’ont accompli les Luddites à long terme ? Sale