Est-il temps de faire appel à la Police Turing ?

Neuromancer va fêter ses 40 ans dans quelques mois. Vieillir est souvent douloureux pour les romans de science-fiction, car les grandes suppositions qu’ils font ne se réalisent pas, et les suppositions inconscientes d’une époque deviennent gênantes dans la suivante. Et pourtant, pour moi, le récit futur-noir et dur de William Gibson sur les hackers, l’intelligence artificielle et les trahisons est toujours aussi pertinent que jamais. Certes, dans les années 1980, Gibson a manqué certains changements technologiques à venir : lorsque je l’ai interviewé des années plus tard, il a souligné que le livre se déroule dans un futur sans téléphones portables. Mais il a parfaitement compris que les modèles d’intelligence artificielle – et les lois qui les régissent – constitueront l’un des plus grands enjeux pour toute société. Neuromancer présente une vision du futur où l’IA générale est très soigneusement réglementée afin qu’elle ne puisse jamais devenir trop intelligente. Il y a même une agence, appelée à juste titre le Registre Turing (ou la Police Turing), qui empêche tout système d’IA d’évoluer davantage en utilisant tous les moyens nécessaires.

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