Le combat de cent ans pour les ondes radio en Inde

La radio a fait partie de la vie de Zareef Ahmad Zareef depuis son enfance. Aujourd’hui, il l’écoute tous les matins et dit qu’il s’agit d’une «indulgence obligatoire» le soir. Poète kashmiri, Zareef a travaillé à la radio en tant que commentateur culturel et littéraire, et il a même écrit des programmes pour enfants. Selon lui, le médium est tissé dans le tissu social. «Au Kashmir, elle a préservé notre patrimoine, notre littérature, notre culture», dit-il. «Nous lui devons beaucoup en ce sens qu’elle a enregistré notre histoire.» Lorsque, à partir d’août 2019, le gouvernement indien a quasiment coupé les télécommunications au Kashmir pendant une crise politique, Zareef a fait confiance à la radio pour rester au courant des événements. Cette année marque le centenaire de la première émission de radio en Inde. À l’ère des médias sociaux, la radio a perduré, des centaines de millions de personnes continuant de s’y abonner dans tout le pays. La Radio nationale de l’Inde (All India Radio) compte 262 stations de radio couvrant presque tout le territoire indien et diffusant en 23 langues et 146 dialectes. Il y a plus de 388 stations de radio privées réparties dans les grandes et les petites villes. Mais cette énorme portée a une grande limitation. Les gens comme Zareef qui cherchent des sources d’information diversifiées ne peuvent pas se tourner vers leurs stations de radio locales car le gouvernement indien détient un monopole complet sur les nouvelles à la radio. Au lieu de cela, ils doivent compter sur les radiodiffuseurs étrangers. «J’écoutais la BBC, la Voix de l’Amérique et d’autres sur ma radio quand je voulais une source d’informations alternatives sur ce qui nous arrivait et sur ce qui se passait dans le monde», explique Zareef. Bien qu’il mette en question les motivations des chaînes internationales, il est adamant sur la nécessité d’entendre des perspectives alternatives. «Jusqu’à ce qu’une idée soit critiquée, elle ne devient pas respectable», dit-il. «Perpétuer un seul point de vue n’est pas la démocratie.» Alors que des élections nationales approchent – et que le gouvernement, accusé à maintes reprises de censurer les reportages défavorables, d’arrêter ou de harceler des journalistes et de couper l’accès à Internet lors de moments de crise – les défenseurs de la liberté d’expression, les journalistes et les politiques de l’opposition craignent que le contrôle de la radio ne donne un énorme avantage au Parti populaire indien (BJP), limitant ainsi la couverture négative de ses candidats et lui offrant une plateforme pour ses points de vue.

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