Tenter de suivre les controverses dans le monde en ligne fragmenté d’aujourd’hui revient à essayer d’analyser chacune des bulles dans une casserole d’eau bouillante en permanence. Les drames et les discussions fusent du fond de la casserole, brisant la tension de surface et attirant notre attention juste au moment où la vapeur se dissipe dans l’air. Des centaines de bulles éclatent chaque minute, et en choisir une signifie en ignorer le reste. Il y a quelques semaines, j’ai fixé la casserole et essayé de garder les yeux sur une seule bulle : une dispute entre deux Youtubeurs qui gagnent leur vie en filmant les pauvres et les vulnérables pour transformer leurs images en contenu sur les réseaux sociaux. Je me suis concentré dessus, ignorant l’ébullition furieuse des théories conspirationnistes concernant Kate Middleton, et mettant en pause mon anxiété personnelle concernant les absurdités générées par l’IA et leur impact sur la façon dont nous trouvons des informations en ligne. Cette bulle particulière de drame a éclaté dans le domaine de ce que Kat Higgins, une enseignante en médias et culture à l’Université de Londres, a qualifié de « pornographie de la pauvreté ». La pornographie de la pauvreté n’est guère limitée aux réseaux sociaux – de nombreux types de médias, y compris la couverture des actualités grand public, peuvent traiter la pauvreté comme un spectacle ayant une valeur divertissante. Mais sur des plateformes comme TikTok et YouTube, ce type de contenu attire beaucoup de vues en montrant la pauvreté comme quelque chose de choquant, dégoûtant ou drôle, a déclaré Higgins, plutôt que « comme un problème structurel nécessitant des réponses structurelles ». Le désaccord entre deux créateurs dans ce domaine ne portait pas sur ces problèmes systémiques. Il s’agissait plutôt en grande partie de savoir quel canal devrait recevoir le plus de reconnaissance pour avoir aidé une famille avec une campagne de financement participatif pour une nouvelle maison.
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