Pourquoi la Norvège, le modèle des voitures électriques, commence à douter

OSLO, Norvège – Alors que les véhicules à moteur représentent près du 10% des émissions de CO2 dans le monde, les gouvernements et les défenseurs de l’environnement se démènent pour limiter les dégâts. Dans les pays riches, les stratégies consistent souvent à électrifier les voitures – et à juste titre, car de nombreux pays s’inspirent de la Norvège. Au cours de la dernière décennie, la Norvège est devenue le chef de file incontesté de l’adoption de véhicules électriques. Grâce aux généreux incitatifs gouvernementaux disponibles, 87% des ventes de voitures neuves du pays sont désormais entièrement électriques, un pourcentage qui écrase celui de l’Union européenne (13%) et des États-Unis (7%). La vigoureuse poussée des véhicules électriques en Norvège a fait la une de journaux tels que le New York Times et le Guardian, tout en recueillant les éloges du Environmental Defense Fund, du Forum économique mondial et du PDG de Tesla, Elon Musk. «Je tiens à remercier une fois de plus les Norvégiens pour leur soutien incroyable aux véhicules électriques», a-t-il tweeté en décembre dernier. « Norway rocks!! » J’écris sur les transports depuis près d’une décennie, donc toute cette attention internationale flatteuse a suscité ma curiosité. La Norvège offre-t-elle une stratégie climatique que d’autres pays pourraient copier mot pour mot? Ou bien l’enthousiasme a-t-il dépassé la réalité? J’ai donc pris l’avion pour traverser l’Atlantique afin de voir de quoi il retournait. J’ai découvert un boom des véhicules électriques en Norvège qui a effectivement réduit les émissions, mais au détriment d’objectifs sociaux vitaux. Les subventions faramineuses pour les véhicules électriques ont surtout bénéficié aux personnes aisées, contribuant à creuser la différence entre riche et pauvre dans un pays fier de ses politiques égalitaires de la sociale. De plus, le boom des véhicules électriques a freiné les efforts des villes norvégiennes pour se libérer de l’automobile et permettre aux résidents de se déplacer en transport en commun ou à vélo, des décisions qui permettent de réduire davantage les émissions, d’améliorer la sécurité routière et de dynamiser la vie urbaine que de remplacer une voiture à essence par une voiture électrique.

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