Airbnb sait que les gens sont mécontents. Son PDG, Brian Chesky, a reconnu les « dizaines de milliers » de plaintes sur les réseaux sociaux concernant le coût croissant de la plateforme. Il sait que les dépenses des hôtes – comme l’assurance habitation, les impôts fonciers et les coûts de main-d’œuvre pour le nettoyage et l’entretien – ont augmenté au cours d’une période de forte inflation. Internet regorge de plaintes concernant des photos ne correspondant pas à la réalité du logement, des demandes et règles extrêmes de la part des hôtes, des caméras cachées, des réservations annulées de manière désinvolte, et bien plus encore. Plusieurs villes visent à réglementer les locations à court terme, voire à les interdire de facto, comme cela a été le cas pour New York, l’un des plus grands marchés d’Airbnb aux États-Unis, en septembre.
Pourtant, Airbnb, qui a été lancé en 2008, réalise également plus de bénéfices que jamais. Les réservations ont atteint un niveau record plus tôt cette année et l’entreprise a engrangé près de 2 milliards de dollars de profit en 2022, marquant ainsi sa première année complète de rentabilité. Le cours de l’action d’Airbnb a également fortement augmenté par rapport à celui de l’année précédente.
Tout ce succès fait partie du problème de l’entreprise. Ce qui a commencé comme une idée audacieuse offrant une alternative abordable aux hôtels a maintenant fait d’Airbnb une cible des législateurs et un aimant pour les critiques. Airbnb ne s’effondrera peut-être pas, comme le prédisent certains prophètes de malheur, mais il affronte un compte à régler – un remise en question existentielle quant à ce qu’il propose et où il ira à l’avenir. Comment Airbnb en est-il arrivé là est complexe. La Covid-19 a frappé durement le secteur du voyage, y compris Airbnb, car les confinements ont réduit l’offre de locations à court terme de 25 %, selon Jamie Lane, économiste en chef chez AirDNA, une entreprise d’analyse de données sur les locations à court terme. Parallèlement, les gens ont également commencé à vouloir plus d’espace en dehors des villes denses. Les taux d’intérêt étant très bas, en général, les gens ont acheté des maisons pendant cette période – certaines pour y habiter, d’autres pour les louer.
