Les cigales peuvent mesurer à peine un pouce, mais elles mangent tellement qu’elles doivent souvent uriner, émettant des jets d’urine, selon un nouvel article publié dans les Comptes rendus de l’Académie nationale des sciences. Cela est inhabituel, car des insectes similaires sont connus pour former des gouttelettes d’urine plus écoénergétiques au lieu de jets. Les cigales adultes ont même été connues pour pulvériser des intrus avec leurs jets anaux, une pensée qui nous accompagnera certainement lorsque la saison des cigales à « double fraction » débutera sérieusement ce printemps. La communauté scientifique s’est beaucoup intéressée à la dynamique des fluides des insectes suceurs, mais pas autant à la façon dont ils éliminent les déchets, selon Saad Bhamla de Georgia Tech (bien que Léonard de Vinci ait été fasciné par le comportement des jets et le rôle de la cohésion des fluides dans la formation des gouttes). Pourtant, il s’agit d’une fonction critique pour la régulation écologique et métabolique de tout organisme. Ainsi, les recherches de Bhamla se sont concentrées sur la correction de cette lacune et le défi des paradigmes mammifères dépassés qui sont censés régir l’élimination des déchets chez diverses créatures. Par exemple, l’année dernière, son équipe a étudié la miction chez la cigale à ailes vitreuses. La cigale à ailes vitreuses boit d’énormes quantités d’eau, perforant le xylème d’une plante (qui transporte l’eau des racines aux tiges et aux feuilles) pour sucer la sève. Ainsi, les cigales ailes vitreuses urinent fréquemment, expulsant jusqu’à 300 fois leur propre poids en urine chaque jour. Plutôt que de produire un flux d’urine continu, les cigales à ailes vitreuses forment des gouttes d’urine à l’anus puis catapultent ces gouttelettes loin de leur corps à des vitesses remarquables, affichant des accélérations 10 fois plus rapides qu’une Lamborghini. Ils ont découvert que l’insecte utilise ce mécanisme inhabituel de « superpropulsion » pour économiser de l’énergie. Ils ont comparé l’utilisation du stylet anal par la cigale à ailes vitreuses à un plongeur sautant d’un plongeoir. Les modèles des auteurs ont montré que l’utilisation de ce mécanisme de superpropulsion nécessitait quatre à huit fois moins d’énergie que simplement produire un jet d’urine. En bonus, projeter leurs gouttes d’urine plus loin rend moins probable que les cigales à ailes vitreuses soient détectées chimiquement par des prédateurs comme les guêpes parasites. La cigale à ailes vitreuses n’est pas le seul type d’insecte à employer ce type de stratégie d’excrétion ; la nature compte de nombreux « fécoplastes », « frotte-fesses » et « lanceurs de crottes ». Par exemple, les larves de skipper ont des verrous sur leurs plaques anales et peuvent augmenter leur pression sanguine pour expulser des pellets solides, tandis que certaines espèces de noctuidés (famille des papillons-de-nuit) éjectent les pellets avec leurs pattes thoraciques. Mais l’étude sur la cigale à ailes vitreuses a été la première fois où la superpropulsion a été observée chez un organisme vivant.
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