« TikTok et l’Évolution du Blackface Numérique »

Note de l’éditeur : Au moment où cette histoire – la couverture de notre numéro de septembre 2020 – partait à l’impression, le sort de TikTok restait incertain. Nous avons mis à jour l’histoire avec les dernières actualités. Tout va changer dans six jours, quand George Floyd cesse de respirer sous le genou d’un officier de police blanc. Mais pour l’instant, nous sommes le 19 mai, un jour ordinaire pendant une pandémie mondiale, et Brianna Blackmon vient juste de se réveiller dans sa chambre à Columbia, en Caroline du Sud, où elle vit avec son copain et leur pitbull bleu, DJ. Blackmon prend sa douche, applique soigneusement un fard à paupières bleu clair devant le miroir de la salle de bain, et illumine ses lèvres d’une touche de gloss pailleté discret. Le t-shirt qu’elle choisit est un simple crop top, sur lequel est imprimée la phrase « Plus d’amour de soi ». Blackmon est une musicienne de 23 ans qui se produit sous le nom de BJ From the Burbs. Après avoir terminé sa routine matinale, elle se rend dans son bureau à domicile pour enregistrer un nouveau freestyle. L’espace fait office de studio improvisé, et la séance d’aujourd’hui sera particulièrement spéciale. Une fois confortablement installée sur le canapé, Blackmon ouvre l’application TikTok sur son téléphone et appuie sur Enregistrer. Septembre 2020. Abonnez-vous à WIRED. La veille, Blackmon a entendu parler du Blackout Day, une démonstration de solidarité des utilisateurs noirs sur TikTok qui affirment que la plateforme les censure de manière injuste. Pour montrer leur unité, tous les créateurs étaient invités à remplacer leurs avatars par une image d’un poing levé en signe de pouvoir noir. Elle veut que ce freestyle soit sa contribution. Après la sixième prise, Blackmon choisit une version qui lui convient et la partage avec ses 176 000 abonnés. Sur un beat trap qui monte progressivement, elle surfe sur l’élan naissant. « Les créateurs noirs sur cette application en ont assez », rappe-t-elle. « Alors nous avons changé nos images, levé nos poings juste pour dire bonjour. » Peu de temps après, ce freestyle de 53 secondes fait le buzz, circulant sur les fils d’actualité personnels d’autres utilisateurs, les pages « Pour Vous » pilotées par l’algorithme. Les éloges affluent.

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